ÉDITION 2025

- 3 au 16 août 2025

Le Quatuor à McGill: Le Mucha gagne encore!

Selon la formule établie à l’Académie internationale de quatuor à cordes de McGill, les jeunes stagiaires se présentent en deux concerts, mais chaque fois en ordre inverse. La semaine dernière, on entendait le Mucha, de Slovaquie, ensuite le Excelsa, des États-Unis. Cette fois, les Américains passaient avant les Slovaques.Entendu en dernier, chaque ensemble avait ainsi l’occasion de laisser la meilleure impression. Mieux encore, chacun avait choisi cette fois une oeuvre classique et une oeuvre contemporaine. L’écoute se faisait donc à partir d’éléments finalement égaux. Or, c’est encore le Mucha qui a gagné. Voyons d’abord le tandem Haydn-Mozart. Le Excelsa a fait l’erreur de choisir, du premier, l’op. 76 no 1, où le premier-violon a énormément à faire. Or, son premier-violon est faible. Le problème n’en est pas un de justesse, mais d’articulation. La reprise lui permet de corriger une faute… mais il en fait une autre au second énoncé. Il y a pourtant là des qualités: bonne respiration collective, énergie, humour même. La salle est comble, avec bien des nouveaux venus qui applaudissent entre les mouvements.Pour sa part, le Mucha a choisi, de Mozart, le très beau K. 387. Tout à coup, on sent là une âme. L’équilibre des sonorités est absolu, les accents sont vrais sans jamais être forcés, bref voici l’un des Mozart les plus parfaits qu’on puisse souhaiter.Les deux contemporains maintenant. Le Excelsa traverse le troisième Quatuor de Schnittke avec une fidélité absolue à tout ce qui est indiqué et, cette fois, le premier-violon se montre à la hauteur de la tâche. Mais l’ensemble se ramène à une accumulation de dissonances d’où Schnittke émerge encore une fois comme un simple sous-produit de Chostakovitch.Et voici justement Chostakovich, avec son neuvième Quatuor. Bien qu’il ne s’agisse pas du meilleur des 15, le Mucha le métamorphose en tableau plein d’atmosphère, illuminant miraculeusement ces pizzicatos arrachés violemment, ces grincements sardoniques, ces plans sonores saisissants. Le parfait silence de la salle est mille fois plus éloquent que l’ovation qui suit.
Claude Gingras / La Presse

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