Des diverses activités de l’Académie internationale de quatuor à cordes de McGill, l’une des plus attendues est toujours la série de huit concerts que se partagent quatre jeunes quatuors stagiaires, à raison de deux quatuors par concert et selon une formule d’alternance donnant chance égale à tous. Ainsi, on écoutait hier soir le Galatea, de Suisse, et le Tesla, des États-Unis. Ils reviendront jeudi soir prochain, mais en ordre inverse: Tesla d’abord, Galatea ensuite. Même si l’Académie n’est pas un concours, le voisinage de deux quatuors appelle inévitablement une comparaison et, conséquemment, un choix. Dans le cas présent, le choix est très clair: c’est le Galatea, qui réunit deux filles aux violons et deux garçons à l’alto et au violoncelle.Dans le Mozart d’entrée, le fondu des sonorités donne du poids au sombre Adagio. Si l’articulation de chaque coéquipier détaille bien les lignes de la Fugue, on sent encore là une certaine prudence. L’auditeur ne doit pas en être conscient. C’est le rôle des professeurs invités, membres de quatuors réputés, d’amener les stagiaires à ce dépassement.Par contre, la conception du Quatuor de Debussy est très convaincante, bien qu’elle diffère de ce qu’on a l’habitude d’y entendre. Le Galatea favorise une approche à plein archet, quasi symphonique, je dirais même «germanique», qui sacrifie au besoin certaines subtilités dites «françaises».Le Tesla, qui vient après l’entracte, propose d’abord un Ligeti peu connu, un Andante et Allegretto de 12 minutes, et de 1950, d’influence impressionniste, peu représentatif du compositeur hongrois, mais somptueusement rendu.Le Quatuor op. 41 no 3 de Schumann découvre certaines faiblesses. La violoncelliste joue faux au deuxième thème du premier mouvement et même à la reprise, ce qui vaut déjà au groupe une très mauvaise note. Bien que le caractère «agitato» du mouvement suivant soit respecté, l’ensemble reste d’un niveau scolaire. Chez chacun des quatre musiciens, c’est le même jeu terne et sans personnalité; dans la réunion des quatre archets, rien de cet engagement qui donnerait quelque dimension à cet inégal quatuor de Schumann.
Claude Gingras / La Presse
Menu